Bourse d’Etudes

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Lettre d’accompagnement à la demande d’une bourse d’études pour Magda
12 Juillet 1994

Dans un pays où même les théorèmes mathématiques étaient détournés aux fins de propagande communiste, il était difficile de choisir une branche d’études pleinement épanouissante. C’est sans aucun doute l’envie de quitter virtuellement ce pays qui m’a fait choisir « l’histoire des civilisations » où j’ai voulu y voir une recherche d’une autre alternative de société.

En Albanie j’étais arrivée au niveau le plus élevé de cette branche, soit bac + 4. Une carrière dans l’enseignement était pour moi toute tracée.

Ce pays verrouillé de l’intérieur allait être secoué en 1989 par un événement international de première importance, qui allait présider à la libéralisation du régime: La chute du mur de Berlin. Même la mort du dictateur 5 années plus tôt n’avait pas fait bouger d’un iota la ligne de conduite de la nomenclatura dirigeante.

J’ai tout de suite saisi l’opportunité en 1990, dès l’ouverture des frontières de venir en France où j’ai quelque famille de part ma grand-mère. Déjà à Tirana, nous avions cultivé, dans le cercle familial, l’usage du français avec nos grands parents.
Mon grand père, albanais, avait été diplômé de médecine à Paris en 1935 et avait choisi, ensuite, de rentrer dans son pays pour faire profiter ses compatriotes des enseignements reçus.

Pour ma part, il va sans dire que, une fois sur place, à Paris, ma première préoccupation à été de mettre à jour mes connaissances. Et en particulier sur un sujet qui me fascinait: L’économie.

En 1992 je concrétisais par une maîtrise d’économie appliquée à l’université Dauphine de Paris.IX deux années d’efforts d’adaptations.

Actuellement je prépare un DEA de sociologie à Nanterre Paris.X. Son sujet est: « Les modalités de la transition vers l’économie de marché dans les campagnes albanaises ».

Mon intention est de préparer ensuite une thèse dans laquelle je vais suivre cette période de transition en Albanie et la comparer avec l’évolution dans les autres pays de l’Est.

En Albanie, ces dernières années, beaucoup de retard a été rattrapé et beaucoup de chemin a été parcouru, en particulier, en matière de privatisation. Mais il est clair que le processus de transition aborde aujourd’hui une phase délicate de tâtonnements. La nécessité d’hommes neufs à l’état d’esprit constructif se fait de plus en plus ressentir. L’enjeu est évident: gérer le bond en avant d’un demi-siècle dans lequel le pays a été propulsé de facto.

Deux possibilités me sont offertes. La première de ces possibilités et aussi celle qui s’inscrit le plus logiquement dans mon cursus est d’acquérir le titre de Maître de conférence à l’université de Tirana. Outre le bagage pédagogique bien compréhensible le poste requière une bonne vision d’ensemble, objective et réaliste. Voilà pour le contenant. Pour le contenu, un maître mot, fiabilité. Après plus de 40 ans d’obscurantisme, le pays a soif d’information et a besoin que cette information soit fiable.

La deuxième possibilité qui m’est donnée est d’intégrer un poste de consultant dans un ministère, comme le ministère de l’agriculture albanais ou un organisme international, comme la banque mondiale à Tirana. Dans un cas comme dans l’autre il me paraît clair que la condition sine qua non est la parfaite connaissance du dossier albanais. Dossier qu’il faudra étayer de la place de l’Albanie dans les Balkans ainsi que dans l’ex bloc communiste et de la place des uns et des autres en Europe.

Je veux que l’Albanie réussisse. Et j’entends agir. Agir en tâche de fond en exploitant ce puissant levier de développement qu’est la formation. Formation dispensée par une nation aisée: la France, qui concoure au succès d’un pays défavorisé: l’Albanie.

J’entends agir, aussi, plus directement au niveau des institutions en jetant un regard neuf sans négation de la réalité de la culture albanaise, mais avec affirmation qualitative de possibilités nouvelles, données, entre autres, par la notion d’appartenance à un monde plus vaste: le continent Européen.

Je pense que mon projet d’études est aujourd’hui bien engagé et qu’il a toutes les chances d’aboutir et ceci par le mariage réussi de mes racines albanaises et de ma culture occidentale toute fraîche complétée par un enseignement à jour.

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